Vous êtes en vacances dans les vagues cristallines de la mer; tout à coup, vous réalisez que peu importe vos efforts, vous n’arrivez pas à rejoindre la rive. Vous êtes piégé dans un courant d’arrachement.
Il peut avoir des courants d’arrachement (rip currents ou rips) dans n’importe quel plan d’eau où des vagues se brisent sur une large surface de la plage. Le phénomène se produit généralement là où il y a des discontinuités de profondeur du fond marin, comme lorsqu’il y a des bancs de sable, mais aussi près de constructions telles que les quais et les jetées.
Très répandus notamment le long des côtes américaines et des Grands Lacs, ils sont créés lorsque les vagues qui se brisent sur le rivage apportent un volume d’eau si imposant qu’un couloir doit se former sous la surface pour permettre à l’eau d’être évacuée vers le large. Il en résulte un corridor relativement étroit où l’eau est repoussée avec une puissance formidable. L’eau est ainsi refoulée vers le large à une vitesse surprenante – parfois supérieure à la vitesse d’un nageur olympique.
Un baigneur non averti se doute rarement de la présence de courants d’arrachement, même une fois piégé; c’est d’ailleurs ce qui rend ces courants particulièrement dangereux. Ils sont de plus extrêmement difficiles à repérer, car chacun d’eux est unique. Même si certaines de leurs caractéristiques peuvent nous avertir de leur présence, il n’en demeure pas moins que le meilleur moyen de les éviter est de se baigner sur les plages surveillées par un surveillant-sauveteur. Les courants d’arrachement y sont d’ailleurs souvent identifiés par un drapeau ou un panneau de signalisation. Vous pouvez aussi vous informer de la présence de courants d’arrachement avant la baignade en consultant les prévisions locales de la plage; en cas de doute, renseignez-vous tout de même directement auprès d’un sauveteur.
Comment les repérer?
Certains courants d’arrachement peuvent être plus facilement identifiables grâce à certains indices :
Une surface plus calme que le reste de la plage – le courant d’arrachement fait souvent en sorte que les vagues ne se brisent pas dans cette zone.
Source : vidéo Ocean Today, National Weather Service, National Oceanic and Atmospheric Administration
Une traînée d’écume ou de débris qui s’étend vers la mer, au-delà de la zone où se brisent les vagues ailleurs sur la plage.
Source : vidéo Ocean Today, National Weather Service, National Oceanic and Atmospheric Administration
Une couleur ou un mouvement de l’eau différents.
Source: vidéo Ocean Today, National Weather Service, National Oceanic and Atmospheric Administration
Ces indices sont par ailleurs beaucoup plus faciles à repérer lorsque l’on regarde le rivage à partir d’un point surélevé, comme une petite dune.
Source: vidéo Ocean Today, National Weather Service, National Oceanic and Atmospheric Administration
Le site Web de l’organisation américaine National Oceanic and Atmospheric Administration présente des dizaines de photos de courants d’arrachement regroupées selon différentes zones géographiques : l’océan Atlantique, les Grands Lacs, la côte du golfe du Mexique, l’océan Pacifique, etc.
Comment s’en déprendre?
Si vous vous retrouvez pris dans un courant d’arrachement malgré ces précautions, suivez ces quelques étapes :
- Restez calme! Le courant ne vous enfoncera pas sous l’eau, mais il vous éloignera du rivage.
- Appelez à l’aide, particulièrement si vous vous trouvez dans une zone de baignade surveillée. Sinon, demandez qu’on vous prête assistance en vous lançant un objet flottant*.
- Ne tentez surtout pas de nager à contre-courant; cela vous épuisera et vous mettra en danger de noyade.
- Laissez-vous flotter et voyez si le courant vous transporte en eau peu profonde, ou déplacez-vous parallèlement à la plage en suivant l’orientation des vagues pour vous éloigner du couloir d’arrachement.
- Vérifiez régulièrement votre position par rapport à un point de repère sur la plage afin de vous assurer de ne pas être pris dans un autre type de courant, comme un courant latéral.
*Ne tentez jamais de jouer au héros et de secourir vous-même une personne prise dans un courant d’arrachement – vous ne feriez que mettre une deuxième vie en danger – la vôtre! Avertissez plutôt un sauveteur et transmettez les consignes d’autosauvetage à la personne en détresse.
Audrey Lavoie
L’enseignement, c’est sa vocation; le sauvetage, sa passion. Avec son baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé et ses nombreuses années d’expérience en tant que monitrice de natation et de sauvetage, Audrey se dévoue à la cause de la prévention de la noyade à titre de coordonnatrice aux programmes de sauvetage et aux programmes scolaires depuis 2012. Son amour de l’enseignement l’a d’ailleurs menée à jouer un rôle majeur dans l’implantation, dans les écoles primaires du Québec, de Nager pour survivre, un programme qui vise à inculquer l’importance de l’apprentissage de la natation chez les enfants. Son riche parcours fait d’elle une personne-ressource incomparable en matière de sauvetage, poussée par la volonté de tout mettre en œuvre pour outiller le mieux possible les sauveteurs de la province et les aider dans leur mission de prévention de la noyade